Qu’est-ce qu’un PEJS ?
Le Pôle d’Enseignement pour les Jeunes Sourds (PEJS) est un dispositif qui permet de regrouper dans un secteur géographique donné des ressources nécessaires à l’accompagnement des élèves. Il assure un regroupement d’élèves afin que l’enfant sourd ne se sente pas isolé. Il est constitué d’un ensemble articulé d’établissements scolaires des premier et second degrés, incluant nécessairement un lycée d’enseignement général et un lycée professionnel, au sein desquels des dispositions sont prises afin que le parcours scolaire de l’élève soit assuré dans la langue qu’il a choisie.
Chaque académie propose un PEJS depuis la maternelle jusqu’au lycée, avec les deux parcours définis infra. La mise en place des PEJS peut s’appuyer sur le réseau des internats publics scolaires, afin de permettre l’accueil des jeunes en internat, avec l’accord des familles.
Le PEJS s’adresse exclusivement à des jeunes sourds pour lesquels les familles ont fait le choix d’un mode de communication, soit bilingue (LSF/français écrit), soit en langue française et qui sont orientés dans un PEJS par la CDAPH. Ce choix est inscrit dans le projet de vie et noté dans le projet personnalisé de scolarisation.
Le PEJS répond à quatre principes majeurs :
- permettre une scolarisation en classe ordinaire qui réponde aux besoins de chaque élève et au choix linguistique de chaque famille ;
- rendre effectif le libre choix de communication : communication bilingue (langue des signes et langue française écrite) ; communication en langue française ; communication avec l’appui de la langue française parlée complétée ;
- permettre aux élèves ayant fait le choix d’une communication bilingue de maîtriser la LSF comme langue de communication ;
- organiser un parcours continu et cohérent de l’école maternelle au lycée.
L’objectif pédagogique prioritaire du PEJS est, comme pour tous les élèves, de travailler l’ensemble des compétences du socle commun de connaissance, de compétences et de culture tout en permettant de renforcer un apprentissage du français, écrit et/ou oral dans le cadre du parcours linguistique choisi, en référence aux programmes.
Le PEJS a aussi pour objectif d’assurer l’apprentissage de la lecture puis la maîtrise de la lecture et de l’écriture pour tous les jeunes sourds par des méthodes adaptées à leur capacité et à leur choix de communication. Pour ce faire, une pédagogie spécifique (sans méthode phonologique pour le parcours bilingue) doit être mise en place au sein du PEJS, quelle que soit l’organisation retenue. Une simple traduction en direction des élèves sourds d’une séance d’apprentissage de lecture conçue pour des élèves entendants ne saurait être satisfaisante et ne permettrait pas aux élèves sourds de développer les compétences attendues.
L’école primaire doit permettre aux élèves signants d’avoir à la fin de la classe de CM2, un niveau de maîtrise suffisant de la langue des signes française et du français écrit afin de pouvoir poursuivre au mieux les apprentissages dans le cadre d’un parcours linguistique choisi au collège puis au lycée. Ils doivent être en mesure d’utiliser les outils numériques favorisant l’accessibilité.
Lorsque le niveau des élèves de collège en LSF le nécessite, ils doivent pouvoir bénéficier d’un interprète, professionnel formé bilingue. Il travaille de concert avec l’enseignant mais n’assure pas de tâche d’enseignement.
Source : Circulaire n° 2017-011 du 3-2-2017 (3.4)
Que propose un PEJS Bilingue ?
La « communication bilingue » contenue dans l’article L. 112-3 du code de l’éducation vise à assurer à la fois l’inclusion sociale des élèves, en les plaçant en milieu ordinaire, et leur réussite scolaire, en leur proposant un enseignement spécifique en langue des signes adapté à leur mode de communication. L’objectif est donc de permettre à ces élèves sourds d’atteindre les mêmes niveaux scolaires que les autres élèves de l’école ou de l’établissement scolaire.
Le bilinguisme s’inscrit dans les potentialités individuelles de chaque enfant. À partir de l’apprentissage ou de la consolidation de sa connaissance de la langue des signes française, l’institution scolaire vise la construction d’un accès graduel au français en s’appuyant d’abord sur le français écrit, dont la maîtrise est le minimum indispensable pour assurer un bilinguisme effectif.
Au sein d’écoles et d’établissements scolaires ordinaires relevant du réseau PEJS, les élèves sourds bénéficient, dans des classes spécifiques dites « bilingues », d’un enseignement en LSF et de la LSF, dispensé par des enseignants formés ayant atteint le niveau B2 et visant le niveau C1 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) ou par des enseignants sourds ayant également le niveau C1.
Deux organisations sont possibles :
- une classe d’élèves sourds recevant des enseignements dans toutes les matières en LSF. Cette classe est entièrement intégrée à l’école dont elle fait partie, avec des périodes d’échanges et de travail en commun avec les autres classes. L’enseignant de cette classe a atteint le niveau B2 et vise le niveau C1 du CECRL ;
- une classe mixte mêlant élèves sourds et entendants, avec un enseignant entendant et un co-enseignant ayant atteint le niveau B2 et visant le niveau C1. Le co-enseignant a la charge de l’enseignement de la LSF ou en LSF, il transmet les contenus et objectifs prévus par l’enseignant.
Ces deux organisations doivent évoluer en fonction des profils de classes, des activités et des besoins des élèves.
Les élèves qui se situent dans la proximité de vie immédiate d’un jeune sourd (fratries, camarades de classe par exemple) peuvent également, dans la limite du possible, avoir accès à l’enseignement de la LSF.
En complément, un atelier communication et langue des signes peut être proposé avec des élèves entendants intéressés pour leur permettre de mieux communiquer avec leurs camarades sourds, tout en les sensibilisant à la question de la différence.